11 novembre : les jeunes rendent hommage au Médecin Chef Docteur Dumarest

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Cette année dans le cadre des commémorations du 11 novembre les jeunes ont souhaité rendre un hommage tout particulier à cet établissement, au médecin Chef le docteur Dumarest qui a  soigné avec ses équipes de 1914 à 1920 16 000 blessés. C’est grâce au travail remarquable de recherchedsc_4314 réalisé par M. Gilbert Mallien que nous avons pu retrouver les informations de l’utilisation de cet établissement comme premier sanatorium militaire de France durant la Grande Guerre. Pour l’occasion le Service de Santé des Armées nous a honoré de sa présence, représenté par le médecin Chef Cardinal,  le commissaire en Chef Bardot de la direction Régional de Service des Santés à Lyon , et de M Gullon maire de la Côte St André. Pour l’occasion une plaque commémorative a été posée par les jeunes. L’association des cavaliers de Chambaran (www.cavaliers-de-chambaran.fr) ont participé avec leurs chevaux aux commémorations donnant ainsi à cette fête un air d’antan. Un hommage qui se poursuit jusqu’au 15 décembre à travers la présentation d’une exposition conçue en collaboration avec l’association des Historiales de Pressins, le club philatélique côtois et M. Patrick Fonvieille photographe amateur. Merci à M Dudit de la Société www.entre2lignes.fr pour les magnifiques photos en noires et blancs et à M Fonvieille pour les photos réalisées durant cette journée.

Je vous invite à lire la recherche historique réalisé par M Gilbert Mallein publié dans la revue : “Les Chroniques” Revue d’Histoire en Dauphiné de juin 2015 n°59 et de décembre 2014 n° 58 . www.aramhis.org. email : aramhis@laposte .net

Nous souhaitions également rendre un hommage tout particulier à cet établissement et au médecin Chef le docteur Dumarest et à travers lui tous les Cotois qui ont accueil et soigné de 1914 à 1920 16 000 blessés. Si les soldats français ont pu tenir dans ce calvaire cinquante et un mois avant d’amener l’armée allemande au bord de l’écroulement total, c’est que Françaises et Français de l’arrière, dans leur immense majorité, se sont imposé une abnégation sans bornes, efficacement guidés par une administration civile liée à l’état de guerre, et en conséquence à l’autorité militaire. Disposant d’hydroélectricité et d’un riche tissu d’entreprises, l’lsère s’est investi fortement dans l’effort de guerre ; pas moins de 114 usines métallurgiques, chimiques, textiles, du bois, du ciment et autres, sans compter les innombrables fournisseurs, s’adaptent à une vitesse surprenante pour honorer les commandes militaires. Cet effort s’est aussi manifesté dans d’autres domaines. Pour accueillir soldats blessés et malades arrivant du front, une centaine d’hôpitaux temporaires ouvrent, en majorité dans des écoles et à proximité d’une gare, pour venir au secours des hôpitaux civils réquisitionnés. En mai 1915 le directeur du service de santé de la 14ème région, le docteur Lapasset, dresse une liste de 134 structures totalisant 14 000 lits dans le département.

 

Portons un regard particulier sur la commune de La Côte Saint-André où l’engagement est très important puisqu’on y trouve trois hôpitaux : une structure militaire et deux communales, dont une temporaire. Cet effort de guerre, considérable pour un bourg de 3 400 habitants méritent d’être honoré. Vers 1898, les autorités religieuses décident de construire un nouveau et vaste séminaire moderne au sud de la ville. Mais les lois de 1905 suppriment les congrégations enseignantes et procèdent à la séparation de l’Eglise et de l’État, qui met sous séquestre tous les bâtiments religieux. A La Côte-Saint-André, c’est un évènement considérable.

 

Le nouveau séminaire reste dans cette situation quelques années, jusqu’en avril 1913 où le maire, M. Sautreaux, reçoit un courrier du chef de bataillon Croiset demandant à la commune de faire le nécessaire pour que le bâtiment devienne une caserne pour un bataillon. Le projet de porter le service militaire à trois ans pour rééquilibrer les effectifs face à l’Allemagne n’est sans doute étranger à cette demande. Le 140ème régiment d’infanterie est installé en cette fin d’année 1913 dans cet ancien séminaire. Pas pour longtemps, car le 31 juillet 1914, vers neuf heures du soir, il part rejoindre les autres bataillons du régiment à Grenoble, d’où tous partiront pour le front dans les prochains jours. Il s’y distinguera, subira de lourdes pertes, et aura deux citations à l’ordre de l’armée et une fourragère verte. Cette caserne vidée de son bataillon ne va pas rester longtemps déserte puisque dès décembre 1914, le service de santé de l’armée ouvre le dépôt de convalescents n°32. Ce vaste bâtiment moderne avec ses 570 lits environs est tout indiqué pour recevoir des soldats en provenance des hôpitaux du secteur de Bourgoin et de l’est lyonnais.

Cet hôpital, dépôt de convalescents de la fin 1914 au début de 1916, devient ensuite l’hôpital sanitaire n°32 pour lutter contre le deuxième ennemi de la France, la tuberculose du soldat. Les terribles batailles d’août et de septembre 1914 déversent un flot de blessés dans les hôpitaux existants. Très vite surchargés, ils sont complétés par des hôpitaux temporaires, mis en place rapidement sur tout le territoire.

Avec ses 570 lits environ, cette caserne de La Côte—Saint—André était tout indiquée. Toutefois, ici comme ailleurs, la réorganisation du service de santé entraîne la transformation de ces dépôts en hôpital militaire complémentaire au tournant de l’année 1915. La tâche est immense pour les médecins militaires. Il faut s’adapter aux nouvelles et graves blessures occasionnées par les armes modernes et les gaz, sans compter les très nombreux soldats malades dès 1915. La guerre de mouvement des premières semaines du conflit provoque en grande majorité des blessures par balles. Or il en est autrement pour les soldats arrivant en février—mars 1915 dans ces mêmes hôpitaux. Aux blessures par balles et éclats d’obus s’ajoutent des gelures aux pieds et les maladies : scarlatine, rhumatismes, gastro—entérite, La rudesse de l’hiver 1914—1915, à laquelle les uniformes sont inadaptés, aggrave encore les conditions de vie dans les tranchées, déjà épouvantables. Voilà donc un terreau très fertile pour le fléau de l’époque : la tuberculose.

Les médecins militaires en ce début de guerre distinguent, et bien souvent se perdent dans le labyrinthe de la maladie : tuberculose ouverte, fermée, évolutive, latente, bronchites suspectes. Et si les connaissances acquises dans le domaine de la radiographie depuis la fin XIXe siècle sont solides, le service de santé en août 1914 ne dispose que d’un effectif insuffisant de 1049 médecins dont 8 995 sont cadres auxiliaires. Il aurait fallu davantage d’appareil radioscopique, et le temps manquait pour analyser les crachats et déterminer le dégré de contagisoité. Repérer les malades lors de l’incorporation de 2 887 000 réservistes d’active et de territoriale en quelques jours début août 1914, plus 1 000 099 hommes de la réserve territoriale était impossible. Et qui pouvait imaginer quatre ans de tranchées ? Dès lors, on comprend mieux pourquoi des soldats plus ou moins atteints se retrouvent sur le front. La maladie se répand ainsi dès l’automne 1914 dans les tranchées, au début de la guerre de position, favorisée par la promiscuité et l’hygiène déplorable, sans parler du surmenage physique dans le froid et la boue. Circonstance aggravante : beaucoup de soldats dissimulent leur mal afin de ne pas être exclus par leurs camarades.

En quelques mois, face au désastre sanitaire, les équipes soignantes se réorganisent entièrement, modernisent leurs moyens d’assistance et de secours auprès des combattants. De cette terrible épreuve naît l’un des meilleurs services de santé des nations engagées. Il force encore de nos jours l’admiration des historiens des sciences médicales. Le corps des médecins passe rapidement à 15 000, les trois sociétés qui composent la Croix—rouge mobilisent 68 000 infirmières diplômées qui vont former des milliers d’infirmières bénévoles dans les hôpitaux temporaires des communes. Dans les premiers ‘mois de 1915 on commence à retirer du front les soldats les plus atteints de la tuberculose. Mais les structures d’isolement et de soins de ces malades sont vires saturées.

Il faut soigner, éduquer mais surtout éviter toute propagation du mal chez les soldats et les civils, où chaque bras compte. C’est la mission, très difficile, des structures qui vont se mettre en place comme à La Côte-Saint-André. Dès avril 1915, le ministère de l’Intérieur invite les préfets à trouver des locaux transformables en stations sanitaires dans la zone de l’intérieur. Toutefois la lutte ne peut véritablement être entreprise qu’après l’installation, début juillet 1915, du sous-secrétariat d’Etat au service de santé où va briller le Lyonnais Justin Godard. Il permet de finaliser 45 hôpitaux sanitaires avec une capacité de 8 000 lits dans les régions géographiquement favorables. Le 25 février 1916, le directeur du service de santé de la 124ème région rassure le maire de la Cote.

« J’ai d’ailleurs décidé d’en confier la direction à le docteur Dumarest qui, depuis 18 ans, a organisé à Hauteville des sanatoriums dont le succès est un sur garant des résultats favorables qui pourront être obtenus a La Côte-Saint-André. Nous pourrons ainsi poursuivre dans d’excellentes conditions le rétablissement des militaires-qui, au lieu de blessures, auront contracté sur le front des infections pulmonaires nécessitant des soins éclairés et une installation spéciale qu’ils ne peuvent trouver dans les hôpitaux organisés pour les blessés.

Il s’agit donc d’une œuvre éminemment humanitaire et patriotique à laquelle je suis certain que vous voudrez bien participer par votre appui moral, et que vous saurez faire apprécier par la population de La Côte-Saint-André ».

Hélas ce ne sont que les premiers d’une grande liste sur les 288 soldats décédés à cause de la Grande Guerre dans les hôpitaux de La Côte-Saint- André, 275 sont morts dans l’hôpital sanitaire n° 32. Rappelons qu’en France, entre 1914 et 1918, près de 150 000 cas avérés de tuberculose sur 400 000 cas suspects sont diagnostiqués dans les armées françaises, causant 40 000 morts. Dans quelle mesure les gaz ont-ils eu un effet aggravant. D’abord hôpital dépôt de convalescents, l’ancien séminaire devient un des plus grands sanatoriums pour soldas tuberculeux de France. Une décision effrayante pour la population, mais endiguer la propagation de la tuberculose dans l’armée est alors une priorité nationale. 16 000 soldats  seront soignés dans cet établissement entre 1914-1920 Ce chiffre nous a été communiqué par la SAMHA de Limoges sur le registre des entrées.

M. Gilbert Mallein