Le Livre Blanc : pourquoi ? qu’est-ce que le plaidoyer ?

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Durant un an, une grande concertation a été organisée dans les établissements d’Apprentis d’Auteuil et sur Internet pour construire un Livre Blanc. Comme chacun de nous, de nombreux jeunes ont pu donner leur avis sur des sujets qui nous touchent particulièrement : le travail, la famille, la vie en société, l’école… Ensemble, des groupes ont parlé, réfléchi , inventé des solutions. Le Livre Blanc d’Apprentis d’Auteuil restitue l’essentiel de ces échanges. Une idée prédominante : donner aux jeunes la possibilité de devenir acteurs de leur présent et de leur avenir en leur faisant confiance et en leur laissant la parole. une chose est sûre : nous avons besoin d’une véritable politique pour la jeunesse.

Qu’est-ce que le Livre Blanc?

Le Livre Blanc est un outil de plaidoyer pour Apprentis d’Auteuil. Il crée un support de débat, de lien et d’invitation à la rencontre de nos différents publics cibles à partir des convictions et des propositions d’Apprentis d’Auteuil. Il reprend la parole des jeunes, des familles, les convictions d’Apprentis d’Auteuil et les 20 propositions pour améliorer le quotidien des jeunes et de leurs familles.

Comment le Livre Blanc a-t-il été construit ?

A partir de la parole des jeunes et de tous ceux qui les entourent : familles, collaborateurs, bénévoles et bienfaiteurs. Lancée en septembre 2015, la démarche de concertation, construite en lien avec l’Agence Nouvelle pour les Solidarités Actives (ANSA), a permis de faire remonter les constats et propositions des jeunes. Ce que nous proposons dans ce livre découle directement de la parole qui nous a été confiée.

A suivre en lisant l’article : les 20 propositions du Livre Blanc d’Apprentis d’Auteuil

MOI ET MA FAMILLE

1/ La création sur tout le territoire, dans chaque quartier, d’ « espaces parents » de proximité

À l’image du modèle des Maisons des familles, ou de celui de maisons de quartiers ouvertes aux acteurs associatifs ou aux bénévoles, ces « espaces parents » de proximité leur permettraient de bénéficier gratuitement d’un accompagnement et d’un soutien : échanger, être informés, confier leurs problèmes, recevoir et donner eux-mêmes des conseils.

2 /Le développement de crèches/espaces dédiés à la petite enfance [dans les quartiers défavorisés/besoins les plus marqués], en y intégrant un espace dédié aux familles

Il est nécessaire de penser ces crèches comme des lieux où la mixité sociale, culturelle et religieuse se vit naturellement autour de l’enfant, permettant pour les petits et les grands de vivre ensemble des temps forts mais aussi ceux du quotidien. Un accompagnement des parents qui entreprennent un parcours d’insertion ou de formation (crèches d’insertion) doit être également proposé, ainsi que des ateliers d’échanges et de partage autour de la parentalité.

3 / Le développement des « conférences familiales » pour prévenir les situations de placement

Il s’agit d’un processus collaboratif au cours duquel le groupe familial va prendre lui-même des décisions pour améliorer la situation d’un de ses membres. Préparée par un facilitateur indépendant, une conférence familiale réunit, dans un même lieu, une famille, des tiers proches en qui elle a confiance et qu’elle a invités ainsi que des professionnels.

4 / Le renforcement des mesures de soutien éducatif à domicile

Il s’agit de privilégier les mesures de soutien éducatif à domicile, quand la séparation n’est pas impérative : ce qui permet à la fois de travailler avec la famille sur les conditions de vie d’une manière globale et d’éviter ainsi les ruptures de parcours et l’éclatement de la famille.

 

MOI ET L’ECOLE

5/ Une plus grande autonomie financière et pédagogique des établissements scolaires pour permettre le développement des innovations pédagogiques

Pour laisser leur chance à des initiatives pertinentes, une plus grande autonomie financière et pédagogique des établissements scolaires est nécessaire. Il est possible de favoriser l’expérimentation et de mieux accompagner les équipes pédagogiques, notamment en développant la formation continue, en réservant un temps dédié à ces projets, des heures de concertation rémunérées et un accompagnement dans le cadre de « recherche-action ». Il est en parallèle nécessaire de renforcer l’évaluation et la mesure d’impact.

6/ Un accompagnement personnalisé de chaque jeune dans son orientation scolaire et / ou professionnelle

À l’image du « parcours Avenir[1] », chaque jeune pourrait avoir, dès la sixième, un tuteur interne (enseignant, vie scolaire) et un tuteur externe (adulte qui connaît le jeune dans sa vie personnelle : un entraîneur sportif, un animateur de club, etc.). Ensemble, ils réaliseraient un portfolio de ses réussites, scolaires et extrascolaires, à partir duquel le jeune pourrait construire son projet d’orientation.

7/ Le renforcement du soutien éducatif et pédagogique dès le plus jeune âge, en particulier dans les zones urbaines et rurales en difficulté

Dans un souci de prévention des difficultés scolaires, en favorisant la stimulation et la structuration du langage oral ainsi que la découverte de l’écrit pour les tout-petits.

L’apprentissage et la maîtrise de la langue française sont un enjeu primordial : les déficits langagiers notamment, qui s’ancrent dès la maternelle, hypothèquent lourdement le bon déroulement de la scolarité d’un enfant.

8/ Le développement des internats éducatifs et scolaires

Les internats éducatifs et scolaires proposent un cadre structurant et un suivi éducatif adapté afin de permettre à des jeunes, en difficulté scolaire (et souvent familiale) ou en cours de décrochage, de renouer avec les apprentissages et de repartir sur de bonnes bases, dans leurs études, comme dans la vie.

9/ Le développement des relations entre l’école et les parents

Les espaces parents à l’intérieur des établissements scolaires, le « café des parents », la salle des familles, etc. sont des lieux d’échange entre parents, de réflexion avec un éducateur, un enseignant. Dans ce cadre, il est aussi important de mieux former les enseignants à l’approche sociale de leur métier afin de leur permettre de se situer en accompagnement et ainsi de faciliter le dialogue, notamment avec les familles les plus éloignées de l’école.

 

MOI ET MON AVENIR

10/ La co-construction et la validation systématique de toute évolution du système de formation/insertion professionnelle par les parties prenantes : jeunes, familles, école, entreprises…

11/ La promotion des dispositifs d’insertion professionnelle co-construits en jouant sur les complémentarités entre les acteurs publics, les entreprises et les acteurs associatifs : des formations ajustées aux réalités du marché du travail, au plus près des besoins des entreprises et répondant à un enjeu social.

 12/ La reconnaissance des dispositifs d’accompagnement et de remobilisation professionnelle qui ont pour objectif de ramener les plus fragiles vers une formation, un emploi, une qualification

Dans ce cadre, il faut donner aux jeunes qui y sont inscrits, le statut de « stagiaire de la formation continue » sur des modalités similaires à celles de la Garantie jeunes[2]. Afin de lever les freins administratifs à leur entrée dans la vie professionnelle, tous les jeunes, et notamment les plus fragiles, doivent pouvoir bénéficier d’un statut protecteur. Ce statut permet de déclencher la possibilité d’une mise en situation professionnelle, donnant droit à l’ouverture de droits relatifs à la protection santé, à la prise en charge des accidents du travail, à la rémunération, à l’accès au logement et aux transports.

13/ Une meilleure articulation des dispositifs de remobilisation pour les jeunes

Établissement public d’insertion de la Défense (EPIDE), Ecoles de la deuxième chance, dispositifs « IEJ » (Initiative pour l’emploi des jeunes), Garantie Jeunes… La multitude d’acteurs, les modes d’interventions coûteux, le manque de lisibilité des dispositifs fragilisent la remobilisation des jeunes, particulièrement ceux qui sont le plus en difficulté. Il est nécessaire de concentrer les efforts financiers vers ces publics et de privilégier des dispositifs souples et intensifs, agissant à la fois sur une dimension sociale et professionnelle.

14/ Le développement dans chaque département, de dispositifs dédiés à l’accompagnement des jeunes sortants des structures de l’Aide sociale à l’enfance

Sur le principe de la garantie du droit de suite, il est nécessaire de créer des structures d’accompagnement. Réfléchies comme un espace d’écoute et de rencontre, elles permettraient de prévenir la dégradation de la situation sociale des jeunes sortants de la Protection de l’enfance, éviter la rupture de la formation en cours le cas échéant, et faciliter leur insertion sociale et professionnelle.

15/ L’assouplissement de l’accès aux contrats jeunes majeurs

Sommés, dès 18 ans, d’être totalement autonomes (logement, ressources, travail…), certains jeunes sont obligés d’interrompre ou d’abréger leur parcours de formation. L’accès à la majorité devient un couperet avec à la clé un risque de marginalisation, pouvant conduire à la rue. Nous proposons que chaque jeune accueilli dans les dispositifs de l’Aide sociale à l’enfance, inscrit dans un parcours d’insertion ou de formation et démunis de liens familiaux, puisse être épaulé par un contrat jeune majeur

16/ La poursuite systématique de la prise en charge par l’Aide sociale à l’enfance jusqu’à la fin de l’année scolaire pour les jeunes non accompagnés atteignant l’âge de 18 ans en cours d’année scolaire

17/ La création d’un titre de séjour spécifique pour les jeunes majeurs (anciens mineurs non accompagnés) afin de sécuriser et faciliter leur insertion sociale et professionnelle

Il est également nécessaire de raccourcir le circuit dans le parcours administratif en Préfecture pour l’obtention du titre de séjour pour ceux qui sont en cours de formation professionnelle au moment de leur majorité.

 

 MOI ET LA SOCIETE

18/ La multiplication des actions menées en faveur de l’éducation à la citoyenneté au sein des établissements scolaires ou d’accueil

Et cela dès l’école primaire, en redynamisant les instances de représentativité des jeunes pour leur permettre de mieux connaître les institutions, leurs droits, leurs devoirs et le monde qui les entoure (formation à la médiation par les pairs, visite d’institutions républicaines avant l’entrée au collège, échange avec des élus, pédagogie du vote, sensibilisation aux droits de l’enfant et sa convention internationale).

19/ L’encouragement de l’engagement associatif des jeunes rencontrant des difficultés

Il s’agit d’une part de faciliter l’accès au service civique des jeunes rencontrant des difficultés sociales, scolaires ou familiales, en levant les freins liés à leur mobilité et à leur accès au logement. Le recours à des familles de bénévoles, par exemple, pour les loger durant leur service pourrait être un levier parmi d’autres. D’autre part, les projets de mobilité tels que les chantiers solidaires ou les stages à l’international et en Europe pourraient être développés en priorité pour ces jeunes.

20/ Le développement des compétences interculturelles pour permettre aux jeunes de devenir des citoyens du monde

Cela suppose d’en faire un axe fort de la formation initiale et continue des enseignants et des éducateurs. Développer des compétences interculturelles, cela signifie acquérir des savoirs sur les différentes cultures pour mieux les comprendre, des savoir-faire pour entrer en relation avec des personnes différentes et des savoir-être dans la combinaison du respect d’autrui et d’estime de soi. Les enseignants et les éducateurs sont à même d’animer des débats visant à la construction du bien commun et au renforcement du lien social, en travaillant sur les représentations des différences culturelles et en particulier les plus clivantes comme la place de la femme, les interdits religieux, etc.

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